Le photographe
et son modèle

|1988-2018

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(...) Nathalie Hervieux a fondé son entreprise sur la conscience que le corps n’est matière à saisie et à conception qu’en tant qu’il se donne comme objet d’une vision. Mais s’il constitue l’articulation majeure du travail, le corps qui est au centre de l’oeuvre n’est pas le corps objectif de l’artiste, donné comme une condition première de son existence, antérieur à l’oeuvre : l’enjeu est bien plus de rendre manifeste qu’il existe et n’existe que par son inscription spatiale et temporelle, qu’il s’invente par l’image, dans l’image.

Le travail se donne à voir aujourd’hui par la photographie, et le médium compte très directement dans le développement du projet. Mais si le recours au dispositif photographique est tout à fait central, il n’est cependant pas exclusif : il ne présume en rien d’autres formes que saura revêtir le travail, ni ne doit occulter celle qu’il emprunte déjà, comme la peinture. Au vrai, c’est avant tout l’entrecroisement-même des pratiques qui qualifie le mieux les formes de ce travail, pratiques choisies dans des champs très larges jusqu’au cirque, au concert, à la scène de théâtre.
L’importance de la photographie tient cependant à ce que qu’en tant que dispositif, comme technique, elle laisse une part particulière à un mode d’invention de la représentation dans les plis de l’image, dans l’entrelacs de son procès. Les stades successifs de sa constitution - depuis la prise de vue jusqu’au tirage, et de la mise en scène du sujet à la mise en exposition - forment autant de moments de choix et d’interventions possibles pour l’artiste.

Le propos de ces lignes est de sonder les strates de constitution de l’image, pour interroger ce qui paraît former un centre de l’oeuvre : dans l’évidence discrète du rendu photographique cherche à se construire un sujet contemporain, selon un mode d’invention du soi qui, bien au-delà du premier face-à-face de Narcisse avec lui-même, fait de la pratique artistique un espace d’expérience à la fois intersubjectif et personnel. Personnel, car - comme la répétition permettra au spectateur de le subsumer – c’est bien toujours le même modèle que vise la photo, un modèle qui sera peut-être reconnaissable de cliché en cliché, et bientôt identifié, par cohérence plus que par ressemblance, à l’artiste-même.

L'entreimage (Extrait) par Christophe Domino
| Profil d'une collection | Nathalie Hervieux | Edition du Fonds régional d'art contemporain de Basse-Normandie | 1996

 

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 Le peintre, le photographe et son modèle
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