 |
 |
« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir »
| Arthur RIMBAUD
 |
 |
 |
 |
 |
 |
Siffloter en descendant le chemin qui mène à la rivière
Se sentir gaie et légèrement mélancolique à la fois
Un ciel de pacotille se balance dans le sac de toile
Sourire à l'idée qu'il suffit d'un rien - quelques papiers chiffonnés
pour transformer ce que certaines grandes personnes nomment sérieusement la réalité
Ressentir que le monde est un décor
Trouver l'illusion tangible
Se sentir flouée
Se sentir mage
Se souvenir que la nuit n'est pas tombée
depuis plus de mille jours
sur un certain jour
Se souvenir que certains jours ne connaissent pas la porte de l'oubli
Se souvenir que ce jour s'est enroulé dans l'étoffe d'un rêve qui avait déjà des milliers d'années
Se souvenir que c'est ce jour qui nous attendait et non l'inverse
- nous qui attendions ce jour
Se déshabiller dans la douceur du soir
Imaginer aller à la rencontre de la tremblante Ophélie
renaissant dans une incandescence bleutée
Se prendre pour une nymphe
Se consoler de cette manière
Imaginer vivre mille ans
sentir l'eau et la terre sous la peau
Se relier
S'offrir
Et caressant la lumière, lentement, patiemment, tendrement,
entrer dans le songe d'une nuit d'été.
"Nymphes" | Nathalie H 2013
 |
 |
 |
 |
 |
 |
 |
« Ô forêts, est-il un être qui ait vécu un amour plus cruel ?
Vous le savez, vous qui avez si bien caché tant d'amants.
Vous souvenez-vous, puisque vous vivez depuis tant de siècles,
que, durant cette longue période, quelqu'un se soit ainsi consumé ?
Il me plaît et je le vois ; mais ce que je vois et qui me plaît
je ne puis l'atteindre pourtant ; si grand est l'égarement d'un amant.
Et raison de plus à ma douleur, il n'y a pour nous séparer
ni vaste mer, ni route, ni monts, ni murailles aux portes closes »
| OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE III - Narcisse et Écho (3, 339-510)
 |
 |
 |
« Elle ferma de nouveau les yeux. Des images changeantes se formèrent en elle. Les saisons défilaient. Les oiseaux arrivaient, élevaient leur nichée et repartaient vers le sud. Des troupeaux se déplaçaient, la neige arrivait. Elle ouvrit les yeux. Un houx poussait à l'emplacement du corps de Scathach.
Des débris d'ossements humains broyés pendaient ici et là à ses branches, clairs dans le feuillage sombre. Un frisson agita le houx. Autour de Tallis, la pièce se transforma ; des vrilles de plante se mirent à serpenter sur le sol, les murs, le plafond, et à se tortiller en l'air. Elle se retrouvait enfermée dans une cage en bois. Effleurement léger sur sa joue, puis sur son bras. Des doigts courent dans ses cheveux, lui caressent la gorge,
explorent délicatement ses lèvres. Elle ferme les yeux et lève les bras, et les doigts anciens, noueux et pourtant tendres,
lui caressent la peau, puis la saisissent en douceur. »
| Robert HOLSTOCK, LA FORÊT DES MYTHAGOS, II, Lavondyss
 |
 |
Est-ce nous qui traversons le temps ou est-ce le temps qui nous traverse ?
Souvent j’imagine que les lieux gardent la mémoire des vivants qui les ont habités, que tout ce qui s’est passé,
est ici et maintenant, invisible à nos yeux, inaudible
pour nos oreilles mais présent. Que tout est là, toujours et de toute éternité, mais que personne ne le voit. Qu’il suffirait de presque rien, un souffle, un instant suspendu, pour nous faire déchirer le voile et faire advenir, in situ, l’image, les sons et les parfums de ce qui a eut lieu…
Comme si il y avait une permanence du temps
et que percevoir le monde c’était être à l’heure, exactement.
La rivière serait ce fil qu'on déroule, et non une ligne à franchir
entre le pays des morts et celui des vivants, ce fil horizontal
que l'on peut descendre ou remonter, dans la dérive
ou à contre courant, pour un instant entrevoir, sur ses rives,
dans les feuillages, les échos improbables de ce qui fut ou sera.
Comme si le temps n'existait pas.
Ou comme si la réalité n'était qu'un rêve.
| Nathalie H 2013
 |
 |
 |
 |
 |
" La pauvre Ophelia, coupée d'elle-même
et de son beau jugement, sans lesquels
nous ne sommes plus que des images »
| William SHAKESPEARE, Hamlet, op. cit., IV
|
|
| scroll horizontal >>> |
Nymphes - Léthé - Séquence 2 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 2,50m x 2,50m |
Nymphes - Léthé - Séquence 10 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 13 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 8 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes - Léthé - Séquence 12 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 14 - pose 17 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes - Léthé - Séquence 15 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes - Léthé - Séquence 14 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Séquence 14 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 15© Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 9 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes - Léthé - Séquence 11 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 7 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 6 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 5 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 3 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
Nymphes - Léthé - Séquence 1 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes -Léthé - séquence 4 © Nathalie Hervieux 2013 |
Nymphes - Léthé - séquence 1 © Nathalie Hervieux 2013
Photographie tirée sur bâche souple 1x1m |
© Nathalie Hervieux 2013 - Tous droits réservés |